Refleurir,

Ou comment reprendre le contrôle.

Avant de commencer, je voudrais vous remercier d'être ici avec moi pour ce nouveau départ qui je l'espère, sera revigorant !

Pourquoi ce blog ? Je constatai depuis longtemps, comme beaucoup de collègues, un essoufflement de cette plateforme que nous aimions tous bien : Instagram. Trop de pubs, trop de vidéos, trop de sollicitations, trop de choses vendues, trop peu de ce qu'on aime, trop peu de contact et de social pour un réseau dit "social".
Une amie m'a récemment parlé de l'importance d'avoir un endroit "personnel" sur internet et m'a soumis l'idée d'un blog. J'aime écrire, j'aime cette idée d'avoir une petite place rien qu'à moi, sans publicités, sans algorithme, où je peux partager avec vous plus de choses, creuser des idées, des réflexions. Aaaah... Un peu de paix... Tout simplement. Ma chaine Youtube et ce blog seront je pense assez complémentaire pour aborder tout ça.

Je me suis rendue compte que je concentrais tous mes efforts à développer mon activité sur Instagram au détriment du reste. Je voudrais donc partager avec vous dans ce post plusieurs points sur lesquels j'ai réfléchi dernièrement et qui vous aideront peut-être si, comme moi, vous vous sentez légèrement perdus.

Ne pas vouloir être visible à tout prix

La génération dont je fais partie a, je crois, misé beaucoup trop de cartes sur les réseaux sociaux. Sans brandir le "c'était mieux avant", je pense qu'on s'acharne trop à tenter (souvent en vain) de percer le mystère des algorithmes, bref, à vouloir être visible. Je ne vais pas mentir, je pensais trouver la majorité de mes clients et me constituer un réseau sur Instagram, moi, petite fille de la campagne qui partait de 0 et n'avait aucun contact professionnel.
Ce n'est pas de ma faute. On nous pousse à croire que le succès professionnel et lié au nombre d'abonnés. Il parait que certaines entreprises jugent de la qualité d'un artiste en fonction du nombre de personnes qui le suive. En partant de là, on comprend que le choix de l'artiste comme prestataire ne dépend plus seulement de sa qualité artistique mais de son auditoire. Plus l'artiste sera vu, plus grand sera l'impact pour l'entreprise avec qui il sera emmené à travailler. Pour ma part, j'ai fini par comprendre que se focaliser sur les chiffres restait totalement illusoire. Sinon comment expliquer qu'avec les plus de 600 personnes qui me suivent, à peine 50 voient ce que je publie ?

Pour pallier à ça, on se dit qu'il faut "poster plus pour gagner plus", qu'il faut créer régulièrement, se mettre à la vidéo, se faire reposter, et puis... Vient le burn out. Vient le moment où on en peut plus, parce qu'on s'épuise en vain. Parce qu'on finit par ne plus créer par envie mais par exigence de résultats. Et le pire dans tout ça ? Instagram peut tout supprimer, sans raison, du jour au lendemain. Vous pouvez potentiellement ne jamais récupérer vos donnés, vos images, vos conversations, votre public. Placer son énergie et son temps à enrichir une seule et même plateforme c'est jouer à un jeu dangereux. Il est nécessaire d'avoir un coin à soi, comme un site, un blog, une newsletter... Un endroit qui nous appartient. Même si ce lieu ne nous apportera pas plus de clients, pas plus de vues, pas plus de ventes, il nous apportera au moins une certaine liberté de contenu.
Je crois qu'il est également important de proposer des choses sans forcément espoir de retours, ne pas être rentable à tout prix. Peut-être que ce blog n'atteindra pas grand monde, peut-être que j'écrirai pour une ou deux personnes, mais après tout tant pis. Ce sera pour une ou deux personnes qui ont décidé de prendre un peu de leur temps pour lire mes lignes, juste parce qu'elles sont intéressées par ce que je fais. Et ça, c'est bien plus précieux !

Trouver d'autres espaces de (re)connexion

Oui, je dois l'admettre, introvertie que je suis, mais il y a un monde au delà des écrans. Et rien n'est plus enrichissant que de rencontrer son public en chair et en os.  Je m'en suis rendue compte lors du marché de Noël auquel j'ai participé l'année dernière. Je m'attendais à un flop complet. Au lieu de ça, j'ai rencontré beaucoup de gens, j'ai eu beaucoup de retours positifs sur mon travail, beaucoup d'encouragements, et je dois dire que ça fait une sacrée différence. Parfois, quand je postais sur mon compte une nouvelle illustration et que je n'avais absolument aucun retour dessus, j'avais l'impression que mon travail ne plaisait pas, que ce que je faisais n'était pas assez bien mais que personne ne voulait me dire pourquoi. Je finissais par douter de moi, de mon travail et même de mon futur professionnel. Tout un drame, donc.
Au marché, des gens m'ont fait part des aspects qui leur plaisaient mais aussi de ceux qui leur plaisaient moins, ou de détails qu'ils ne comprenaient pas. Cela engageait la discussion et l'un comme l'autre, nous en ressortions nourris.
Ceci dit, j'aimerais rester tout à fait honnête en disant qu'il y a aussi plein de personnes qui passent devant votre stand sans daigner tourner les yeux vers votre travail, ce qui est peut être un peu rude et démoralisant au début. Mais tout cela est bien vite compensé par les mots chaleureux de ceux et celles qui s'autorisent à s'arrêter et regarder.
L'idée, c'est de trouver d'autres manières de présenter son travail. Ce peut être des marchés oui, mais aussi des expositions, des rencontres, des ateliers, des cours... 
 

Savoir investir son temps

J'ai appris à mes dépends l'impact négatif que pouvait apporter Instagram sur le long terme. Je manquais terriblement de concentration. Lorsque je m'en suis aperçue, j'étais effrayée. Où était passé le temps où je dessinais sans regarder l'heure ? Où je pouvais passer une après-midi entière à lire ?
Nous perdons tellement de temps à faire défiler les actualités sans intention que cela en devient vertigineux. Un utilisateur passe à peu près quelques secondes, si ce n'est une, de son temps à lire/regarder nos posts. Quelques secondes pour un travail qui nous a pris plusieurs heures voir jours. Je trouve ça extrêmement triste en y réfléchissant.
En tout état de cause, je préfère maintenant suivre les actualités de mes artistes préférés grâce à leur newsletter, leur blog, leur chaine YouTube, leur compte Patreon, même si cela me demande plus de 3 secondes de lecture et parfois un peu d'argent. Non seulement j'ai l'impression de davantage les soutenir, mais aussi de mieux connaitre leur parcours, leurs idées, leurs inspirations, c'est tellement plus enrichissant !

Prendre plaisir à partager

Ça semble simple et pourtant c'est si compliqué de s'en souvenir. On ne devrait jamais se sentir obligé de partager quelque chose si on en a pas envie. Plus on se force, plus on s'épuise, plus cela se répercute sur notre travail qui devient moins bon.
Pendant un moment, j’écrivais des objectifs de nombre de posts par semaine dans mon agenda, espérant que ça faciliterait la visibilité de mon travail. Je créais pour Instagram, simplement pour l’alimenter. Bien sûr, à force, je n'ai plus trouvé de sens à ce que je faisais. Je regardais ce qui marchait bien à un moment T et essayait de m'en inspirer, sans succès. Ce n'était pas moi, ça ne me ressemblait pas et s'il y a bien quelque chose qu'il faut éviter, c'est l'effet de mode. Je me suis dégoutée toute seule du plaisir de créer et me suis éloignée de mon style, de mes envies graphiques et de mes sujets.
Partager un post devrait être la finalité du processus créatif, non pas son but. Je laisse de la place pour les idées, je prends le temps de les mettre en place, de les achever, et une fois prêtes je les abandonne aux yeux du monde. C'est comme ça que se sont nées les illustrations qui me plaisent toujours aujourd'hui, parce qu'elles racontent un morceau de moi. C'est comme ça que j'ai décidé de me lancer dans la vidéo, dans la confection de petits objets imprimables sur Patreon. Parce que j'en avais envie et parce que je prenais plaisir à le faire. Parce que je prenais plaisir à voir un petit univers personnel émerger des généralités et que cet espace me ressemblait de plus en plus. 

Guirlande en papier à imprimer pour mes contributeurs Patreon


Éloge de la lenteur

Si j'ai un dernier conseil à donner, c'est surement le plus important : n'ayons pas peur de ralentir. Il y a une certaine saveur dans le fait de goûter chaque seconde. Laissons de la place à la création, octroyons nous des moments de paix et de calme, des moments à ne rien faire, ou si peu. Prenons le temps d'écrire, de lire, d'observer, de peser nos idées. Le temps de choisir nos mots avec soin. Prenons le temps de nous intéresser à un créateur, à un concept, à un art de vivre. Prenons le temps de la tâche ardue qui consiste à savoir quel chemin(s) nous voulons emprunter dans la vie, qui nous avons envie d'être, qui nous avons envie de côtoyer, dans quel environnement nous voulons vivre, où nous voulons placer nos efforts. Et surtout ne jamais oublier que la patience et la détermination paient toujours.

 

Joyeux printemps à vous !

Sortez, vivez, créez.


Chaleureusement,

Léa

PS : Si vous souhaitez me soutenir financièrement, vous pouvez vous abonner (sans engagement) à mon Patreon ou faire un don libre ici . Un grand merci !

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